mardi 29 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Martin Fish - Go Back To Sleep EP


Rompu aux installations d'art contemporain et autres illustrations sonores pour pièces de théâtre ou documentaires, le Montréalais Martin Fish nous offre au téléchargement cet EP mettant en exergue deux des plus belles réussites de l'album Push The Little Daisies également sorti au mois de mai. Artworks jumeaux aux effets miroir intrigants, paysages mentaux sombres ou pastel, tantôt innocents ou hantés, où des friches industrielles côtoient glitchs oniriques et piano solennel, les deux sorties se fondent donc l'une dans l'autre. Mais au minimalisme acousmatique du reste du LP, agrémenté de jams rock singuliers le temps d'un N.O.Z.E.R.O télescopant post-punk, électronique avant-gardiste et musique de chambre contemporaine, se substitue sur les deux titres de ce Go Back To Sleep un véritable maelstrom de sonorités organiques et hachées laissant augurer d'une direction nettement plus déstabilisante pour les sens dans les futurs travaux du Canadien.

Sur Flavour N, d'étranges pulsations déstructurées aux éclats de beats saturés sous-tendent le spleen troublé d'un piano épuré, tandis qu'Orphans fait naître d'un marais de drones insidieux une micro-épopée de basses fréquences battant les tempes tel un métronome hypnotique sur fond de distos discordantes. Deux morceaux aux contrastes saisissants, où les pulsions se frottent à la mélancolie d'un rêve en rémission et aux remparts de la raison. Deux puits de mystère testant les limites de notre imaginaire et qui, pris à part comme au sein du disque qui a su les dompter, devraient vous fasciner durablement.


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lundi 28 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Girl 27 / Trisha Hewe Saile - Split


Nouvelle incarnation de l'infatigable Crowhurst (qui sortait encore tout récemment en compagnie du chicagoan Auditor le dépressif et grondant Suppression, monolithe de glace en fusion) dédié aux enregistrements solo et autres collaborations sous le manteau de Jay Gambit qui ne peut humainement pas éditer tout ce qu'il couche sur bande à longueur de temps, on doit déjà à Girl 27 pas moins de trois sorties en libre téléchargement ce mois-ci via Bandcamp. Enregistrées entre 2011 et cette année, deux d'entre elles sont le fruit des expérimentations autarciques du Californien (And I Hope Nothing Hurts You More... tout en déferlantes d'échardes en papier de verre et d'oscillations saturées ; The End et son unique piste de 42 minutes aux élégies de fin de monde oniriques et radioactives) mais c'est à sa rencontre avec un autre droneux de Chicago que l'on a choisi de s'intéresser aujourd'hui.

Lui-même propagateur pour le moins généreux d'albums à prix choisi, Trisha Hewe Saile est en effet sur la même longueur d'onde que notre stakhanoviste harsh noise favori avec ce split évoquant l'atmosphère d'un film d'épouvante spatiale façon Alien premier du nom. Avec ses nappes magnétiques grouillant de vibrations sci-fi, The Endless Joke signé Girl 27 nous plonge d'emblée dans la salle des machines suintante du Nostromo, à ramper sous les projections de gaz à haute pression dans une obscurité à couper au couteau pour échapper à quelque créature insaisissable dont la claustrophobie des drones de synthés induit la présence à chaque pulsation. Quant au morceau sans titre du sus-nommé THS, il imite le sas dépressurisé qui laisse entrer le vide et suspend les secondes avant de relancer la tension au rythme des percus cinématographiques et des radiations malfaisantes.

On vous laisse évidemment libres d'y voir quelque chose de plus en rapport avec la cover orientale au regard des plaintes arabisantes à peine audibles qui résonnent à la fin d'Untitled, mais avec Crowhurst et sa nébuleuse de bruitistes apocalyptiques, le film de monstre marche toujours assez bien !


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jeudi 24 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Adderall Canyonly - Zoonzeezock EP


Un drôle de touche-à-tout le patron du passionnant label Field Hymns, en témoigne ce nouvel EP où s'enchaînent de façon souvent abrupte les chutes d'enregistrement retrouvées lors d'un déménagement sur diverses cassettes puis dépoussiérées et offertes avec le sixième numéro du fanzine digital Wyrd Daze plus tôt dans l'année.

Brassant des influences qui vont de la kosmische musik (versant déliquescent et tout orgue en avant sur Never Let Me Go) et de la motorik (Tomorrow, Yesterday) à la musique de synthés des années 80 dopée à la funk (Battery Bad) ou au proto-hip-hop (Hello, Goodbye) en passant par l'électro lounge-goth décadente de feu Add N To (X) (A Nun Story) dont l'Américain perpétue surtout l'héritage sous son second alias Oxykitten, les morceaux qui composent ce nouvel Zoonzeezoc en disent long sur le parcours éclaté de Dylan McConnell et sur son appétence décomplexée pour toutes sortes de chemins de traverse - citons la country-folk lyrique de Punk Rock Xmas peu à peu rattrapée par son background de drones vintage, ou le dowtempo saturé de Prepared Awakeness sur lequel une improbable guitare à la Hendrix surplombe un beat ambient-techno sur fond de synthés dada distordus, avant de muter sans crier gare en contemplation électro-acoustique pour nappes de reverb bucoliques et volée de mouettes en rut.


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mercredi 23 juillet 2014

Earthling Society - England Have My Bones

Date de sortie : 01 août 2014 | Label : Riot Season 

Un souffle singulier chargé de vapeurs psychotropes s'élève en volutes épaisses à la sortie des enceintes. On a tôt fait de l'inhaler et ça grandit sournoisement dans la boîte crânienne. Ainsi, centré sur soi-même et l'espace immédiat, on est tout à la fois ici et ailleurs, maintenant et à une autre moment. Earthling Society se meut en cercles concentriques : les motifs de guitares, les chœurs spectraux, les percussions patraques, tout cela s'approche puis s'éloigne à la manière du ressac. Chargé d'échos en provenance directe du navire amiral Hawkwind, England Have My Bones est sans doute l'un de ses descendants les plus flamboyants. Comme si le temps s'était arrêté lors des '60s agonisantes, légèrement crispées et en descente d'acide mais tout de même encore bien perchées. Mais ce n'est pas tout. Earthling Society vénère également Alice Coltrane, à tel point qu'il reprend son fabuleux Journey Into Satchidananda. Tout en restant lui-même. On retrouve certes les motifs vaporeux et les arabesques languides de la pièce originale mais dans une version bestiale où la fuzz conquérante tente de réveiller une rythmique amorphe et calcinée. Quinze minutes paroxystiques envoyant le groupe dans l'espace, au beau milieu d'une nébuleuse au cœur nucléaire et aux bras circulaires aérés. Quinze minutes sidérales mais encore plus sûrement sidérantes qui, tout en restant fidèles à ce dont elles s'inspirent, s'en éloignent pourtant fortement pour mieux y revenir, eu égard au final où un ersatz très convaincant et omniprésent de sitar converse joliment avec des ondes sans doute issues d'un insaisissable thérémine. Bref, il y a également du Ravi Shankar dans England Have My Bones. Un drôle de mélange pour résumer, dont on n'effleure pour l'instant que quelques mètres-étalons mais qui montre bien, tout de même, ce qu'il se trame ici. Des emprunts, un hommage et surtout un esprit d'ouverture salutaire. Puriste, Earthling Society mais aussi curieux. Une mixture au final très personnelle.

Il faut dire que le groupe n'est pas une réunion de jeunes premiers ayant tout à prouver. England Have My Bones est le huitième album de cette intrigante Société apparue en 2004 à Fleetwood, «the most un-Kosmische areas of North West England» pour reprendre les mots de leur label, le toujours inspiré Riot Season. En outre, «Earthling Society was formed with the intention of creating music influenced by their heroes Funkadelic, Ash Ra Tempel, Can, Amon Düül II and Hawkwind» et s'il foule aux pieds, encore aujourd'hui, ces contrées-là - atteignant indiscutablement son but - associer Funkadelic aux autres formations citées montre que le groupe, dès le départ, avait non seulement bon goût mais aussi une certaine originalité. Une originalité qui s'exprime aujourd'hui encore, dès cet Aiwass inaugural, long rituel tribal aux chœurs étranglés où les circonvolutions guitaristiques s'opposent à un lit de sitares aliénés et montrent que le groupe cherche à s'échapper. De son corps peut-être, de sa ville sans doute mais plus encore du monde entier. Onze minutes stratosphériques durant lesquelles le temps s'arrête et le cortex part à l'aventure dans les limbes, jusqu'aux ultimes frontières de l'espace connu pour allègrement les dépasser. Psychédélique, fuzzy-plombé, d'une belle densité, le space rock d'Earthling Society se dévoile lentement, renfermant une multitude de détails de prime abord bien cachés : les arabesques du clavier, le mouvement des ondes qui passe d'à-pic en mornes plaines en un instant, le grain des guitares perverties par un bon milliard de pédales d'effets, les larsens passant d'une enceinte à l'autre pour se repositionner au milieu et tutti quanti. Dès lors, England Have My Bones n'a beau dévoiler que quatre pauvres morceaux (deux par face), chacun montre une telle richesse que les écoutes répétées n'empêchent pas d'y dénicher en permanence quelque chose d'inattendu. Il y a beaucoup à explorer là-dedans, ce qui est somme toute assez normal pour un groupe qui a fait de l'exploration son moteur principal.

Pour preuve, Tortuga, deuxième morceau qui tranche avec les trois autres : du chant et non plus des chœurs, une mélodie décontractée provoquant une ambiance rêveuse alors qu'elle était jusqu'ici plutôt flippée, un titre qui emmène Earthling Society aux frontières de ce qu'il recherche habituellement et qui se termine par une petite ritournelle de manège enchanté. Pourtant, là aussi, le groupe excelle, y compris quand il retrouve quelques instants sa science du riff plombé de l'espace, un îlot de sauvagerie qui ne suffit néanmoins pas à cabosser l'ensemble. De toute façon, ces riffs-là ont l'honneur du dernier morceau éponyme, le très court (quatre pauvres minutes et des poussières) England Have My Bones, supernova de basses massives et délires en six-cordes qui se tait subitement au bout d'une minute trente pour laisser la place à quelque chose de plus bucolique et apaisé, belle pause qui elle aussi casse le paradigme et nous prend la main pour nous ramener définitivement sur Terre. C'est alors que l'on se rend compte à quel point nous étions haut et loin. Les hymnes psychédéliques et hirsutes d'Earthling Society s'adressent en priorité au voyageur intergalactique qui sommeille en chacun de nous, alors pourquoi refuser la balade à laquelle England Have My Bones nous convie. Fermez les yeux, ouvrez vos chakras, ça y est, vous êtes déjà ailleurs.

Saisissant.

leoluce

mardi 22 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Oliver Barrett - Yhiuals


Faute de pouvoir vos faire écouter en entier le premier LP du projet Glottalstop, nouvelle incarnation claustrophobe et hantée de l'Anglais que les fidèles de l'écurie Denovali connaissent très certainement sous l'identité de Petrels, rabattons-nous sur cette quatrième installation de la série d'EP Yowls, dont l'orthographe du titre change à chaque sortie tandis que sa prononciation reste plus ou moins identique. Il en va de même pour les sonorités utilisées par Oliver Barrett, délaissant les drones et autres arpeggiators vintage au profit d'un violoncelle omniprésent mais dont l'emploi revêt bien des variantes.

Tantôt crescendo de crissements lancinants dont la fréquence s'amplifie jusqu'à la schizophrénie (Cathedral Mound), grincements dissonants et déstructurés dignes des boiseries d'un manoir hanté (Rattenkönig), grouillements agrémentés de percussions tout aussi chaotiques (Every Landlord Is A Parasite) ou folklore névrosé pour violoneux parkinsonien (Cyclists Who Ding Shall Be Thrown Into The Canal), Yhiuals tout comme chacun des volets précédents contient son lot d'expérimentations dans le maniement de l'archet et des cordes frottées, explorant les possibilités sans fin d'un instrument propice plus qu'aucun autre à l'expression des névroses et des pulsions du subconscient.

Pour la première fois néanmoins, le Londonien explose le format de prédilection de ces essais acoustiques pour transformer ce Yhiuals en un album à part entière grâce aux 22 minutes du final Apiary, à rapprocher d'abord des musiques aborigènes pour la dimension hypnotique de ses micro-stridences en flux tendu avant que la pièce ne passe sans prévenir de l'autre côté du miroir, plongeant dans le néant pour en ressortir sous la forme d'un négatif aux saturations dronesques assourdies, puis finalement glisser vers la musique classique contemporaine et l'atonalité insidieuse d'un Ligeti. Enfin, aux deux-tiers du morceau et au terme d'un nouveau fondu au noir, c'est Penderecki qui s'invite à coups de discordances anxiogènes toujours émises par le même instrument supplicié dont les échos semblent se réverbérer sur les parois d'une cellule capitonnée.


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lundi 21 juillet 2014

Mamaleek - He Never Spoke A Mumblin’ Word


Date de sortie : 14 juillet 2014 | Label : Flenser Records

Comment faudra-t-il s'y prendre pour transmettre une émotion ? Quoi de plus idiosyncrasique et subjectif qu'une impression ? Comment expliquer en quoi un amalgame de bruits bruts - guitares concassées, voix littéralement expulsées dans un râle qui tient autant de la souffrance que de la délivrance, production réduite au strict minimum (Jack Shirley au mixage, déjà croisé aux côtés de Wreck & Reference) permettant néanmoins d'encore percevoir quelque chose, boîte à rythmes de guingois et hoquetante, samples puisés ici mais encore plus sûrement là-bas, particules électroniques hérissées et contondantes - peut-il produire tant de remous sur/sous l'épiderme et tout autour ? D'autant plus que ce nouvel album de Mamaleek ne paie pas de mine de prime abord. Tout comme les précédents. Rien de nouveau. Du black canal historique muni d'atours incongrus qui le sortent de sa niche et le précipitent dans l'avant-garde. Attention, rien d'abscons non plus. Simplement un télescopage, inattendu certes mais exploré depuis déjà trois albums. Et ce n'est pas He Never Spoke A Mumblin' Word qui viendra rompre le paradigme. Enfin, pas complètement en tout cas. On reconnaît bien l'art des deux frères anonymes qui n'enregistrent plus dans leur chambre toutefois. Si l'un est toujours à San Francisco, l'autre semble s'être délocalisé à Beyrouth. Sans doute tient-on d'ailleurs là l'une des forces motrices de ce nouvel album qui, non content d'orchestrer la collision d'étiquettes aussi éloignées que le black metal (étiquette qu'ils réfutent d'ailleurs) et l'électronique dans son versant harsh noise, manipule également la tectonique des plaques et précipite le Moyen-Orient dans l'Amérique et réciproquement. Tout cela définit Mamaleek. C'est peu mais comme il sera difficile d'en savoir plus - un brin introvertis, ces deux-là volent en permanence sous les radars - c'est sans doute déjà bien assez. Pour le reste, on ne peut qu'ausculter leur musique et cette fois-ci, le duo a rallongé le temps tout en resserrant le propos. Un léger paradoxe qui confère à He Never Spoke A Mumblin' Word un côté franchement monolithique bien que toujours varié.

Quatrième album présenté comme une fin autant qu'un commencement. Quatre morceaux arborant toujours le même côté bestial et approximatif. Quatre morceaux portés par des voix étranglées, agressives et une boîte à rythmes qui marque par sa simplicité. Toujours ce maelstrom de guitares torturées au grain surexposé qui campent des arabesques étranges et déformées. On comprend très vite en quoi He Never Spoke A Mumblin' Word peut représenter une fin puisqu'il synthétise l'essence de Mamaleek, son ADN tout entier contenu dans ces quatre titres : le côté crade et compressé (Almost Done Toiling Here, un paroxysme), les textures et emprunts venus d'un ailleurs très bien documenté (l'introduction de Poor Mourner's Got A Home, les chœurs lointains de My Ship Is On The Ocean), l'électronique qui rigidifie l'organique et l'organique qui déborde en permanence l'électronique, l'amalgame des deux sculptant un black singulier, tout à la fois engoncé dans des limites exsangues - celles imposées par des morceaux à qui il faut bien donner un début et une fin - et débordant, étant donné le caractère flou et indéfini de ces dernières. En permanence sur le fil, Mamaleek se tient exactement sur la frontière entre palpable et impalpable, entre clarté et absence de clarté, risquant en permanence de verser dans la bouillie sonore absolument vaine sans pour autant y tomber le moins du monde. Jamais. Parce que Mamaleek a une vision, un truc chevillé aux tripes qui ne demande qu'à sortir. Un poil ésotérique mais bel et bien là : "There is a life inside me and its need for escape is dogmatic and incorrigible" prévient-il d'ailleurs fort justement. Un commencement aussi parce que He Never Spoke A Mumblin' Word, en limitant le nombre de morceau, garde une unité, certes déjà présente sur les opus précédents, mais ici parfaitement dosée. On retrouve toujours les changements de directions iconoclastes, les accents incongrus qui éloignent le duo de la stricte sphère black - poussières shoegaze, agrégats ethno-décalés, électronique pure, breakbeats extrêmement fugaces (bien plus que sur l'opus précédent) - mais cette fois-ci au sein des morceaux et non plus seulement de l'un à l'autre.

On commence d'ailleurs par l'éponyme qui reprend les choses là où Kurdaitcha (2011) les avait plus ou moins laissées : toujours cette agression sombre, en négatif et légèrement abstraite avec chœurs célestes en contrepoint du growl déchiré. Le grain des guitares se fait plus massif, la production plus ample même si elle conserve son côté brouillon. Un peu comme si Mamaleek avait poussé tous ses traits à l'extrême limite : encore plus sauvage et mal peigné, encore plus noir, encore plus disloqué. Une entame et un épilogue apaisés venant circonscrire un morceau pour le moins arraché. Ça avance, ça ralentit et ça s'évapore dans un souffle pour laisser la place à une psalmodie orientale qui annonce le début du très ténu Poor Mourner's Got A Home. Dix minutes de nappes synthétiques enveloppantes s'opposant à la sauvagerie définitive de la voix. Il n'y a bien que la boîte à rythmes - pourtant à l'agonie - qui tienne un peu debout, résistant aux multiples pains que lui assène la guitare. Pour le reste, le morceau fait penser à une implosion et se recroqueville sur lui-même. Patraque, ondes basses en avant, il dessine des arabesques abstraites souvent belles dont le voile fragile est impitoyablement lacéré par la voix possédée. On est alors prêt pour les lignes de crêtes, les stigmates compressés et l'agression par arme blanche de Almost Done Toiling Here. Parfait amalgame électro-metal, on tient sans doute là le Mamaleek prototypique : son dégueulasse, ondes maléfiques bien plus que riffs charpentés, nappes solennelles, tempo monomaniaque au bout du bout du rouleau, on attend juste que le morceau, le disque et le groupe s'échouent à nos pieds puis s'enfoncent dans la terre. My Ship Is On The Ocean est du même bois lugubre puis laisse doucement la place à une mélopée tout autant mantra que rite funéraire, venant définitivement clore l'ensemble. Quelque chose comme une parfaite mise en bière.

Ni complètement doom, ni complètement black, encore moins noise, shoegaze ou purement électronique, He Never Spoke A Mumblin' Word est tout cela à la fois et en saupoudrant sa mixture malsaine de pincées de folklore traditionnel, Mamaleek commet un album qui tient effectivement du commencement. Sans doute plus assuré, plus exacerbé, on voit bien qu'il est difficile d'expliquer en quoi un édifice si imparfait sonne si parfaitement. Une alchimie inexplicable qui touche tout aussi inexplicablement. En profondeur. Un disque qui charrie une espèce de sang industriel dont la force tellurique frappe la plante des pieds. Pourtant, une nouvelle fois, tout cela ne paie pas de mine. L'essentiel est ailleurs. Pas seulement dans la musique mais aussi en nous et dans ce qu'elle provoque. Mais l'on sait évidemment que le mieux est encore de se taire et de la laisser s'élever et envelopper l'espace pour le remodeler. Dont acte.

Remarquable.

leoluce

dimanche 20 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Poborsk - Gradient Scene


Ex pensionnaire d'Icasea (maison d'Alex Peverett aka Zero Charisma, vieux de la vieille de chez Skam avec Team Doyobi), Filament Recordings (Lum, Cheju), Amp Bit If Go (petite structure surtout appréciée pour les sorties du duo Soundhacker) ou Cactus Island (l'excellente écurie de Tim Martin aka Maps & Diagrams), le Marseillais Patrice Curtillat n'est bizarrement jamais passé par les rangs désorganisés de Schematic. Son IDM organique au groove déstructuré, louvoyant aux confins d'un grouillis digital de beats et blips dada plus ou moins anguleux et d'une ambient analogique aux courbes mélodiques vintage n'aurait pourtant pas dénoté auprès des rêveries rythmiques hautement somatiques et troublées de Phoenecia, Badun, Phlex ou Terminal 11. Qu'importe au fond, puisque c'est Matt Subjex, lui même échappé du label floridien, qui hérite de ce nouvel opus dispo en libre téléchargement, comme souvent avec Bedroom Research qu'il mène de main de maître depuis une petite douzaine d'années.

Avec Poborsk, on ne sait plus qui du poulpe ou de la machine mène la danse, mais ce qui est certain c'est qu'on ne pourra guère danser que sur huit pattes à l'écoute de ces instrumentaux déboussolants, dont la jubilation à faire naître de sonorités austères voire malaisantes une véritable orgie polyrythmique et onirique sonne comme la bande-son d'une bataille de polochons entre les Britons d'Autechre et les Teutons de Mouse on Mars, ou parfois comme une séance d'hypnose avec pour docteur un ordinateur dopé aux amphèts. Tout est dans l'art de ne jamais laisser la maîtrise technique prendre le pas sur la spontanéité tachycardique voire une certaine candeur équivoque, et justement, que le Français évoque un colloque sous-marin de dauphins androïdes (Dolphin), la cérémonie vaudou d'une tribu de robots en pagnes (Voodoobot), un survol de la Terre en ballon-sauteur (Earth from the Sky) ou le ragga narcoleptique d'une diode coincée entre deux aimants (Supermalloy), l'étrangeté de sa musique coule paradoxalement de source, stimulant nos fantasmes de futur marchant sur la tête et de greffes virtuelles à même la chair.



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samedi 19 juillet 2014

Deep & Dark Download of the Day : Foie Gras - Held


Si la fée gothique de San Francisco au teint blafard comme un linceul a foi en quelque chose, c'est bien dans la persistance de ces esprits aux caresses ambivalentes, dont les plaintes bourdonnantes nous étreignent tout en sonnant au quotidien le glas de nos espoirs de bonheur simple et d'insouciance.

De ces drones funèbres typiques de Foie Gras (Ascetic Vows) aux ballades acoustiques exsangues et décharnées de son alter-ego Bad Kisser (Cliffs), la pensionnaire de notre compilation A Noise at the End of the Tunnel - qui confiait l'an dernier dans nos pages et dans celles d'IRM son goût pour les reprises par simple amour des humeurs qu'elles évoquent, sa passion pour Brian Eno et son attachement au libre téléchargement - décline la blancheur de son spleen cafardeux jusqu'à l'équilibre parfait d'une reprise de feu Sparklehorse à la fois fantomatique et apaisante, en passant par une triplette d'instrumentaux en seconde partie d'album dont les nappes claires-obscures épurées et alanguies à souhait ne sont pas sans rappeler, en légèrement plombé, les travaux séminaux du sus-nommé père de l'ambient moderne. Quant au très abstrait Summoning Ritual de son compère Sam Ray aka Heroin Party, Iphigenia en suit le titre en pied de la lettre le temps d'une cérémonie occulte faisant la part belle aux guitares doomesques que la belle manie désormais sur scène.


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jeudi 17 juillet 2014

Geins't Naït & Laurent Petitgand - Je vous dis


Date de sortie : 5 mai 2014 | Label : Ici d'ailleurs

Quand ce genre de disque se révèle, au détour hasardeux d’un fil Soundcloud, on est tenté de remercier, le front par terre, le hasard qui l’avait mis là. Des dizaines d’écoutes plus tard, de la plus abasourdie à la plus béate, il est temps de revenir sur l’objet de tant de grâces. Du point de vue des protagonistes d’abord, Geins’t Naït est initialement un duo, alliant  Thierry Mérigout et Vincent Hachet, auteur dans les années 1980 d’une flopée de disques industriels et expérimentaux, sur le label Permis De Construire, et associé dès lors à des groupes comme Coil ou Einstürzende Neubauten. Laurent Petitgand, compositeur de bandes originales de films de Wim Wenders (Les Ailes du Désir notamment) et de Paul Auster et des ballets d'Angelin Preljocaj, collabore à partir de 1987 avec Mérigout, désormais seul aux manettes. Après une absence de presque vingt ans, ils sortent en 2011 Si J’avais su, j’aurais rien dis puis rejoignent Ici d’ailleurs avec Je vous dis. Si les titres suggèrent une certaine obsession liée à la parole, le contenu développe manifestement cette idée. 

Des mots du label, on comprend que la substance brute, industrielle, inflexible vient de Geins’t Naït tandis que Laurent Petitgand manipule et travaille la matière de façon à faire naître de ces éléments des fragments de musicalité, à renfort d’instruments classiques, piano et guitare en tête. Si l’effet de la découverte peut être puissant, c’est d’abord parce que l’univers de cet album n’évoque rien de connu. On est confronté avant tout à la consistance rugueuse et inhospitalière des trames industrielles. Rampants, répétitifs, les rythmes sont comme des organismes métalliques à demi vivants, qui se contorsionnent lentement, en manque d’air. A la strate supérieure, des voix étirées, malaxées, généralement inintelligibles, habitent l’espace sonore comme autant de grincements aigus, de gimmicks récurrents ou de propos fantômes débités dans toutes sortes de langues. La fin de Jm Massou laisse ainsi échapper, dans un grésillement de vieux poste, une bribe d’émission de radio étrangère et de vagues paroles d’Aznavour. Mais le charme ne saurait prendre (à ce point) sans ce qu’on devine être les apports mélodiques de Petitgand. A l’instar du piano sur Explo et sur Je vous dis ou des cordes si lumineuses d’Iroshima, les éléments instrumentaux véhiculent une douceur ambiguë et une mélancolie sidérante. A l’image des robots qui se prennent la tête entre les mains de la pochette de Electric Pleasures de Column One, ce disque entrechoque l’émotion et la machine, faisant poindre une flammèche d’humanité au cœur des méandres mécaniques et de la froideur usinière. 

Et puis, il y a l’inconnu. On ne sait rien de ces sons, ni d’où ils viennent ni où ils vont. On ne pénètre jamais le sens de ces mots ni l’identité de ces voix. Mais comme la lumière d’un bouge encore ouvert dans une ville noire et anonyme, certaines notes font office de jalons. Leur empreinte vous rappelle sans cesse et prodigue le sentiment fabuleux et parfaitement mégalomane d’avoir été écrites pour vous. Lorsqu’une œuvre résonne à ce point, on est tenté de chercher à comprendre le phénomène : éveille-t-elle un écho particulier et personnel ou est-elle dotée d’une portée autrement universelle ? Alors vient le partage, comme avec ces livres à peine achevés que l’on souhaiterait obtenir en quinze exemplaires pour les distribuer autour de soi. Dans le cas de Je vous dis, difficile de conclure. Mais même s’il provoquera sans équivoque des sensations hautement disparates selon les auditeurs, on retiendra qu’il s’agit d’un immense album. 

Manolito


jeudi 10 juillet 2014

Ensemble Economique - Melt Into Nothing


Date de sortie : 27 juin 2014 | Label : Denovali Records

Nouvel opus d'une lignée déjà longue ayant vu le jour en 2008, Melt Into Nothing a enfin réussi à atteindre les couches les plus enfouies de mon encéphale. Pourtant, depuis Starving Weirdos, RV Paintings et tout ce que Brian Pyle a pu sortir sous l'alias d'Ensemble Economique, force est de constater que le paradigme reste inchangé : toujours cette mystique de la lenteur et du sombre, cette ambient vaporeuse qui laisse le temps aux notes de se transformer en images ou en sensations dans la boite crânienne, ce goût de cendre et de pluie reconnaissable entre mille. Globalement les mêmes armes donc mais sans doute moins abstraites ou contondantes cette fois-ci. Pas non plus une grande mutation, plutôt une légère incurvation. Ainsi, nulle trace de la longue piste stérile qui ouvrait l'opus précédent mais un Your Lips Against Mine à la place, chouette collaboration avec Sophia Hamadi (actuelle moitié d'Opale, ex-Playground) et DenMother marquant de son empreinte fantômatico-gothique tous les titres suivants. Une entame des plus parfaites, lente et glacée, qui pose en moins de cinq minutes les bases d'une approche somme toute inédite chez Brian Pyle : travailler la matière et manier les textures sans pour autant sacrifier la mélodie sur l'autel des atmosphères. Envolées les expérimentations pelées et absconses qui venaient régulièrement perturber la dynamique de Light That Comes, Light That Goes mais une poignée de titres sacrément bien écrits et presque accueillants qui permettent à Melt Into Nothing d'atteindre plus d'une fois les limbes ou en tout cas le chemin jusqu'au creux de nos entrailles pour y libérer une nuée de papillons bariolés aux infinies nuances de gris. Il en résulte ce Hey Baby miraculeux, grand morceau triste à mourir mais pourtant lumineux qui électrise toutes les cellules de l'épiderme en même temps et rappelle en quelques notes majestueusement égrainées mêlées à des chœurs éthérés pourquoi le post-punk fut un tel choc esthétique. Un truc que l'on pourrait écouter en boucle si d'autres moments de grâce n'émaillaient pas le disque. Mais voilà, de Fade For Miles à Never Gonna Die, Ensemble Economique livre une poignée de titres sacrément accrocheurs et rompt la chrysalide grise dans laquelle on avait fini par l'enfermer.

Lent, imposant, dessinant de longs drones majestueux qui finissent par recoller ensemble le glacial, le sombre et le lumineux, Melt Into Nothing se meut dans un entre-deux flou et indéfini où des ectoplasmes shoegaze languides disputent aux mornes fantômes cold et gothiques le moindre recoin d'un disque vraiment énigmatique et envoûtant. Dire que l'on y rentre pour n'en sortir qu'à la toute fin, alors que plus rien ne subsiste, relève alors de l'euphémisme. On tient sans doute là ce que Brian Pyle a sorti de plus accaparant, atteignant un parfait équilibre qu'il n'avait jusqu'ici qu'effleuré entre une mécanique froide et distante et des mélodies qui ne semblent avoir été écrites que pour soi. Les ossatures apparaissent en filigrane, les guitares, tour à tour célestes et plombées, s'érigent sur un tapis rythmique moribond où percussions étouffées et chœurs lointains tentent de maintenir les fondations. À plusieurs reprises, un éther froid rempli l'espace de réception et engourdit les tympans, les muscles, le corps, chaque note se voyant alors dotée d'un impact amplifié au regard de l'immobilisme que provoque Melt Into Nothing. Cette musique n'est pourtant pas anesthésiante mais les remous qu'elle charrie ne sont tout simplement pas visibles de l'extérieur. Jamais trop éloigné de grandes figures tutélaires telles que My Bloody Valentine, Slowdive, This Mortal Coil ou encore Cocteau Twins, Ensemble Economique n'est pourtant pas une ombre surgie du passé et l'imbrication des drones aux paysages majoritairement muets confère à sa musique des accents pour le moins contemporains. On ne s'étonne donc pas de retrouver le vénérable logo de Denovali Records sur une pochette qui privilégie bien évidemment le noir et le gris, parfait écrin aux six titres troublants et troublés d'un disque que l'on n'a pas fini d'écouter. Alors bien sûr, d'aucuns diront que tout ceci est un poil trop ectoplasmique, que tout a déjà été dit avant et que le manque de contours manifestes ne retient pas la substance des morceaux qui se vident inexorablement. Les frissons qui parcourent l'épiderme (le mien tout du moins) à l'écoute de Melt Into Nothing balaient pourtant tout cela d'un simple revers de la main.

Loin d'être un ego trip nostalgique pour cheveux gris, ce nouvel essai de Brian Pyle devrait conquérir nombre de paires d'oreilles étant données l'élégance, la majesté et la vraie personnalité dont il ne se dépare jamais. Un terrain de jeu idéal pour jouer aux osselets avec les idées noires et les expulser loin du cercle d'écoute. Pour pousser les dernières gouttes de spleen à s'évaporer. Pour s'extirper de soi et flotter dans les airs, maintenu là par les accords tristes d'une guitare solennelle. Ses tonalités sont peut-être très sombres mais à leur écoute, on se sent irrémédiablement bien.

Magnétique.
 leoluce

mercredi 2 juillet 2014

Dalida - s/t


Date de sortie : 22 mars 2014 | Label : Et Mon Cul C'Est Du Tofu ?/Animal Biscuit/La Face Cachée/Whosbrain

Désormais, elle n'est plus seule. Au vent mauvais, les affres de la solitude. 

D'un côté Klaus Legal, de l'autre, DaiKiRi. Un contre deux. Une entité solitaire versus un duo. Chacun s'occupant sans doute d'un globe oculaire, ce qui expliquerait enfin le léger strabisme de l'icône décédée. En tout cas, une opposition que l'on retrouve jusqu'au cœur des rares paroles qui peuplent le premier titre : « Quand partiras-tu ? / Cessant de violer mon terreau / De mon champ / Géant épouvantail ».  Poésie automatique, charivari de mots qui tintinnabulent et s'entrechoquent. Une voix monocorde qui déverse pourtant une logorrhée et qui sait se frayer un chemin jusqu'aux couches les plus tendres et sensibles du cortex. Une litanie acoquinée à une répétition maladive. Car pour une fois, alors que la parole s'enfuit, trace des chemins sinueux et s'insinue, la rythmique laboure le même pré carré et la guitare assène les mêmes riffs. Les mêmes quelques notes venant gonfler les mêmes quelques notes. Il y a beaucoup d'enfermement et de rigidité dans cette musique. Une rigidité que les mots brisent pourtant. Mais comme ils sont plutôt rares... Parfois, un instrument prend les devants. Quelques apparitions fugaces qui ponctuent les mornes chemins granitiques du labyrinthe circulaire que le groupe met patiemment sur pieds. Ça déboule sans crier gare et ça repart comme c'était venu. Parfaitement hypnotiques, les deux pistes sont à la fois simples et compliquées. En répétant à l'envie les mêmes motifs, une sorte de groove froid fait son apparition sur lequel on pourrait presque danser. Mais dans le même temps, quelque chose bloque. La répétition forcenée aboutit à l'aliénation et plutôt que de chercher à communier avec les autres, on se retrouve bien vite à ne vouloir communier qu'avec soi-même. De prime abord sociable, le disque se révèle finalement très introverti. 

Deux morceaux qui déforment le temps et comptent les secondes en heures. Deux morceaux ténus également, qui fuient la surenchère mais dont l'impact est bien réel. Squelettes décharnés, ils montrent paradoxalement un sacré poids. Empruntant tout à la fois au punk iconoclaste et très Melt Bananien de DaiKiRi et à la gestuelle électronique et cold de Klaus Legal, ils fraient dans les eaux troubles d'un krautrock vidé du moindre oripeau kosmische mais rehaussé d'accents noise cinglants, incisifs et roides lui conférant une aura malade et inquiétante. Une sorte de psychédélisme janséniste pointe le bout de son nez. On dirait un Can qui aurait remplacé la choucroute par du tofu, un Cul De Sac resserré et européen, un Metal Urbain bucolique et lettré, bégayant dramatiquement sa première note. Ça emprunte ici et là mais ça ne ressemble finalement qu'à lui-même et c'est surtout extrêmement prenant. Et malgré la répétition et le caractère éminemment obsessionnel de Dalida, le disque résiste au temps qui passe et à l'acclimatation, ce qui relève tout de même de la gageure. Un premier morceau de vingt minutes, un autre deux fois moins long mais long tout de même, pas de titre, le tout emballé sous le portrait cheveux au vent de - faudra-t-il encore l'écrire ? - qui scrute un insaisissable lointain tout en regardant ailleurs, ce premier essai ne manque pas de séduction. Il faut dire que les protagonistes prêtent depuis longtemps leur inspiration et leurs instruments à une multitude de projets - Death To Pigs, Hallux Valgus, La Race, Judas Donneger, Amour, Myster Möebius, Le Singe Blanc, liste bien évidemment non exhaustive - et l'on ne s'étonnera donc pas du caractère bien trempé qu’exhale la musique de Dalida. Parfaitement menée, cette demi-heure a tôt fait de se rendre indispensable.

Revenue d'entre les morts, jetant aux orties son Bambino et puisqu'Il Venait D'Avoir 18 ans en a maintenant quarante-trois, il est clair que la nouvelle Dalida ne vendra plus autant de disques. Faut-il pour autant s'en inquiéter ? À l'écoute de ce qu'elle nous offre désormais (fidèle au credo de Et Mon Cul C'est Du Tofu, l'album est en téléchargement libre), il est évident que l'on ne perd pas au change. Un coup d'essai qui montre tous les atours du coup de maître.

Obsessionnel, répétitif et avant tout remarquable.

leoluce